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Hakimi, l’or du couloir, pas du Ballon

Par EL BARHRASSI Meryem -le

Hakimi, l’or du couloir, pas du Ballon
Le Ballon d’Or 2025 a rangé Achraf Hakimi à la sixième place. Belle ligne, certes. Mais un verdict qui sent le ralenti mal cadré. Quand l’affiche prime sur le match, le couloir droit reste hors champ.

Le classement récompense l’instant, pas la saison. Une volée bien cadrée vaut plus qu’un mois de maîtrise. Hakimi, lui, a tenu la cadence. Ligue 1, Ligue des champions, sélection. Il a pesé partout. Sans projecteur inutile. Sans bruit. C’est souvent ce que le vote ne voit pas.

 

Le Ballon d’Or adore l’attaquant. C’est ancien. C’est confortable. Un latéral qui verrouille, relance, casse des lignes, change un tempo ? Moins glamour. Pourtant, le PSG a respiré par sa bande. Et le Maroc a avancé dans son sillage. Les chiffres ne disent pas tout ; les sorties de balle, si.

 

Le récit est connu. Les ligues européennes écrivent l’argumentaire, la presse relaie, le vote suit. Résultat : la lumière reste là où elle s’allume d’habitude. Quand l’Afrique pousse, on parle d’exploit. Quand l’Europe assure, on parle de “référence”. Le curseur ne bouge pas.

 

On reprochera à Hakimi de ne pas être attaquant. De ne pas empiler les buts. On oublie le marquage serré, la transition éclair, la passe qui déverrouille, la couverture au second poteau. Tout ce qui évite le but adverse et prépare celui des autres. Le football n’est pas une compilation YouTube.

 

Devant lui, des profils plus exposés. Moins réguliers parfois. Plus commentés souvent. Le jury a choisi la vitrine. La hiérarchie raconte alors une autre histoire : l’affiche d’un soir pèse plus que l’autorité d’une saison. C’est bien, mais c’est court.

 

Avec Paris, Hakimi a tenu le couloir comme on tient une finale : sérieux, tranchant, disponible. Avec le Maroc, il a pris le brassage mental. Leader de terrain, relais du staff, métronome des grands soirs. Ce n’est pas un résumé. C’est un cahier de charges rempli chaque semaine.

 

Pourquoi sixième ? Pour ne pas briser l’habitude. Pour garder le récit confortable : le défenseur reste un “plus”, l’Africain un “invité”. Accepter Hakimi sur le podium, c’était envoyer un signal : juger l’influence, pas la seule signature. Le vote n’a pas osé.

 

Il dit que le football se lit encore par la bande-annonce. Il dit que la valeur défensive, la relance sous pression, la constance, comptent moins que le clip du dimanche soir. Et tant que ce prisme s’impose, des joueurs comme Hakimi resteront collés à la vitre.

 

On ne réclame pas une faveur. On réclame une grille claire. Qu’on pèse l’impact sur 90 minutes. Qu’on mesure la valeur des postes. Qu’on sorte du réflexe “but = verdict”. Le jeu a évolué ; les critères doivent suivre.

 

Hakimi a 26 ans. Il a du temps. Et surtout, il a un style qui dure. Le podium n’était pas un caprice. C’était la traduction logique d’une saison pleine. Le rang final raconte autre chose. Très bien. On prend note. Et on reste lucide.

 

Ce Ballon d’Or n’enlève rien à sa saison. Il révèle nos angles morts.

Si l’on veut récompenser le football tel qu’il se joue, pas tel qu’il se raconte, il faut revoir le cadre. En attendant, une certitude : sur la ligne de touche comme dans le débat, Hakimi avance. Aux jurés, la prochaine passe. VAR demandée.


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