Les cyberviolences ne sont pas anodines : elles peuvent ruiner des carrières, interrompre des études et fragiliser gravement la santé mentale des victimes. Selon une étude du Haut-Commissariat au Plan (HCP) datant de 2019, près de 1,5 million de femmes au Maroc ont déjà été confrontées à la violence numérique, soit un taux de prévalence de 14 %. Ces chiffres, établis avant la pandémie de Covid-19, se sont aggravés pendant les confinements, renforçant l’urgence d’agir.
Les conséquences sont multiples : anxiété, dépression, perte d’estime de soi, isolement social et parfois tentatives de suicide. Certaines victimes se retrouvent contraintes de quitter leur emploi ou d’interrompre leurs études. Dans certains cas extrêmes, la menace peut venir de leur propre famille, jusqu’à l’expulsion. Pourtant, très peu osent porter plainte, ce qui laisse les auteurs impunis et accroît le risque de passage à l’acte.
Face à ce constat alarmant, Kif Mama Kif Baba, Médias et Cultures (AMC) et l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) ont uni leurs forces pour lancer une campagne digitale nationale. Baptisée « Mamhkoumch », elle vise à alerter l’opinion publique sur la gravité des VBGFT et à encourager la prévention.
Le Maroc dispose de textes visant à protéger les femmes des violences numériques, comme la loi n° 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, certains articles du code pénal (notamment du 3-607 au 11-307) et la loi n° 09-08 sur la protection des données personnelles. Cependant, ces lois restent incomplètes face aux réalités du numérique. L’absence de définition précise de la « violence numérique » et la coexistence de textes restrictifs limitent l’accès des femmes à la justice. Comme le soulignent les associations, ces contradictions légales empêchent de punir efficacement les auteurs tout en protégeant les survivantes, laissant un vide juridique préoccupant.
Du 2 au 10 octobre 2025, la campagne sera déployée sur les réseaux sociaux avec des contenus interactifs, témoignages et informations pratiques pour aider les victimes à se protéger et à trouver du soutien. Les associations insistent sur le fait que la lutte contre les cyberviolences est l’affaire de tous et que la sensibilisation est un premier pas indispensable pour stopper ce fléau.