Elections locales du 23 janvier au Sénégal: les candidats dans la dernière ligne droite

Elections locales du 23 janvier au Sénégal: les candidats dans la dernière ligne droite
Source : Map
19/01/2022 15:55

Les électeurs sénégalais se rendent dimanche aux urnes pour élire leurs conseillers dans les municipalités et les départements, ainsi que les maires de leurs villes, dans un scrutin qui aura valeur de test national pour la majorité comme pour les partis de l’opposition avant les législatives annoncées pour le mois de juin de cette année.

Durant dix jours, depuis le démarrage de la campagne électorale, les candidats en lice ont parcouru des quartiers, organisé des meetings et des rassemblements et effectué des tournées porte-à-porte. Ces candidats auront trois jours de plus pour convaincre et séduire les 6.373.451 électeurs sénégalais, répartis dans 6.549 lieux de vote et 14.651 bureaux de vote établis sur le territoire national, de leurs programmes, dans l'espoir de remporter ces joutes locales.

Depuis le démarrage, le samedi 8 janvier à minuit, de la campagne électorale, les candidats représentant les nombreuses coalitions de la majorité et de l'opposition ont mobilisé leurs militants et aussi leurs gardes du corps et descendu dans les rues, et ce en dépit du contexte de la pandémie de Covid-19 et de la hausse des infections enregistrées ces derniers jours dans le pays de la Teranga. La campagne prendra fin le 22 janvier à minuit.

Quelque 3.112 déclarations de candidatures ont été reçues par le ministère de l'Intérieur chargé de l'organisation de ces Elections locales, qui seront suivies des législatives en juin. Les mandats des maires des 557 communes et des conseillers départementaux, en place depuis 2014, seront ainsi remis en jeu lors de ce scrutin, le premier a être organisé depuis la réélection de M. Macky Sall en février 2019, comme président de la République du Sénégal.

Trois principales coalitions politiques ont présenté leurs candidats pour ces joutes locales. Il s'agit de Yewwi Askan Wi (libérer le peuple en Wolof), Wallu Sénégal (sauver le Sénégal), Gueum sa bopp (croire en soi), parmi d'autres coalitions de l'opposition, qui sont nées à l'approche du scrutin. Du côté de la coalition de la majorité, on trouve "Benno Bokk Yakaar" (BBY, Ensemble pour un Sénégal Émergent, en wolof).

Les enjeux de ce scrutin vont bien au-delà du contrôle des grandes villes, comme Dakar, Saint Louis, et Ziguinchor, une ville située en Casamance. Car ces élections permettront aux différentes forces politiques sénégalaises de confirmer leur ascension, d'asseoir leur hégémonie, ou d'essayer d'enrayer leur déclin, surtout avec l'émergence de nouvelles élites, des jeunes, selon les observateurs.

C’est aussi un test grandeur nature pour les leaders politiques pour se peser au niveau de l’opinion publique sénégalaise, et aussi pour faire valoir leurs projets de société comme alternative par rapport à la gouvernance actuelle, soulignent les analystes .

La bataille sera très rude surtout dans les deux grandes grandes villes du pays, Dakar et Ziguinchor. Dans la capitale, la question que se posent les gens est de savoir si la majorité va réussir ou non à conquérir la mairie, qui est contrôlée actuellement par l’opposition.

Pour la conquête de Dakar, la coalition de la majorité, Benno Book Yaakar, a parié sur le poids de l'actuel ministre de la Santé et de l’Action sociale, M. Abdoulaye Diouf Sarr.

Le pouvoir mise ainsi sur cette personnalité connue pour gagner cette bataille au niveau de la capitale, chose qui parait un peu difficile vue l'existence de grandes coalitions d’opposition qui sont nées, notamment Yewwi Askan Wi, pilotée par l'opposant farouche à Macky Sall, Ousmane Sonko et aussi Khalifa Sall, et celle de "Wallu Sénégal" du PDS et d’autres coalitions.

Le 23 janvier 2022, Macky Sall entend donc ravir ce joyau à la coalition Taxawu Sénégal, qui a désigné comme candidat un autre opposant, M. Barthélémy Dias, un lieutenant de Khalifa Sall, l’ancien maire devenu provisoirement inéligible pour cause de condamnation judiciaire.

Pour parvenir à ses fins, le président Macky Sall a constitué une garde rapprochée censée contrarier l’ambition de l’opposition qui, de Khalifa Sall à Ousmane Sonko, en passant par le parti de Abdoulaye Wade, entend bien faire de l’élection à Dakar un test préalable à la présidentielle de 2024.

La lutte pour devenir celui qui dirigera Dakar est à la fois hautement symbolique et politiquement très importante, y compris au plan national. En plus d’être la capitale, et de disposer d’attributions particulières, la métropole est aussi un vivier de voix important, relèvent les analystes.

Outre Abdoulaye Diouf Sarr et Barthélémy Dias, quatre autres candidats se sont officiellement déclarés: la maire sortante, la socialiste Soham el-Wardini, a été investie par l’Union citoyenne/Bunt bi, l’ancien maire Pape Diop (2002-2009) retente sa chance avec son parti, Bokk giss giss, le neveu d’Abdoulaye Wade, Doudou Wade, porte les couleurs de sa coalition, Wallu Sénégal, le ministre d’État Mbaye Niang, enfin, a déposé une liste concurrente à celle de la majorité présidentielle. Quant au magnat des médias, Bougane Guèye Dany, qui avait déposé sa propre liste, il est déjà hors jeu, sa candidature ayant été rejetée par la préfecture qui a jugé son dossier « incomplet ».

L’autre affiche importante dans ce scrutin local, c’est la ville de Ziguinchor, située dans le sud. La tête de liste Ousmane Sonko, qui avait réalisé une percée lors de la présidentielle de 2019, y affronte notamment son concurrent, Abdoulaye Baldé, dissident de la majorité présidentielle, et aussi le candidat de la majorité Benoît Sambou.

L'opposant Ousmane Sonko s’est lancé ainsi dans la bataille parce qu'il veut avoir une base qui est Ziguinchor où il avait gagné une bonne partie de l’électorat lors de la dernière présidentielle de 2019.

La capitale de la Basse-Casamance se trouve ainsi très convoitée par les leaders. Parmi les candidats aux élections du 23 janvier, trois hommes tiennent la corde : le sortant Abdoulaye Baldé, Benoît Sambou, investi par Macky Sall, et l’opposant Ousmane président du parti Pastef. Chacun y joue son avenir politique le jour du 23 janvier.

Fort du statut d'opposant à Macky Sall que Sonko rêve de récupérer la mairie de Ziguinchor. Arrivé troisième à la présidentielle de 2019 derrière Idrissa Seck, depuis rallié à la majorité, l’opposant avait réalisé une percée en Casamance, où il avait obtenu 57,25 % des voix.

À Saint-Louis, située dans le Nord, le maire sortant Mansour Faye, beau-frère du chef de l’État et ministre des Infrastructures, affrontera pour la coalition Benno Boouk Yakkar (BBY), Mary Teuw Niane, président du conseil d’administration Petrosen et membre du parti présidentiel.

Afin que ces élections se tiennent dans un climat sain et apaisé, une dizaine de coalitions politiques dont Benno Bokk Yakaar, Wallu Sénégal construite autour du PDS d’Abdoulaye Wade et la coalition Bunt-Bi de Soham El Wardini, ont signé la Charte de non-violence dans laquelle elles se sont engagées à pacifier l’espace politique durant tout le processus électoral. Cette charte de non-violence a été élaborée par le Cadre unitaire de l’islam du Sénégal (Cudis), une plateforme qui regroupe les leaders religieux des principales confréries musulmanes du pays et plusieurs organisations de société civile.

Étaient également représentés lors de la cérémonie de signature de la charte la coalition Gueum sa bopp de Bougane Gueye Dany, Bokk gis gis de l’ancien maire de Dakar Pape Diop, Jammi Gox Yi de l’activiste Fadel Barro ou encore le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) du trépidant Guy Marius Sagna.

A signaler qu'après les Locales du 23 janvier 2022, le Chef de l'Etat, Macky Sall, nommera le futur Premier ministre, un poste qui vient d'être rétabli en novembre dernier suite à l'adoption d'un Projet de loi par l'Assemblée nationale. Ledit poste avait été supprimé par Macky Sall en 2019. Le nom du futur Premier ministre est déjà dans la tête du dirigeant sénégalais.

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