Le chiffre fait l’effet d’un signal d’alarme : 2.544 élèves ont quitté les rangs des collèges dits « pionniers » depuis la rentrée 2024-2025, selon les données du ministère de l’Éducation nationale. Cette situation, qualifiée de « préoccupante » en interne, vient assombrir une réforme censée marquer un tournant dans la qualité de l’enseignement public.
Lancée à la rentrée 2023-2024, l’initiative des écoles pionnières ambitionne de renforcer les apprentissages fondamentaux via une refonte pédagogique et une dotation en outils numériques. Elle mobilise, cette année, 6.000 enseignants répartis sur 232 collèges pilotes, encadrés par 600 inspecteurs pédagogiques. Mais un an après son lancement, les premiers retours questionnent sa capacité à freiner le décrochage.
Des chiffres disparates selon les régions
C’est l’Académie de Marrakech-Safi qui concentre le plus grand nombre de cas d’abandon, avec 414 élèves sortis du système, soit 1,3 % de l’effectif total des établissements concernés. Elle est suivie de près par Souss-Massa (362 cas), Casablanca-Settat (349), Fès-Meknès (253), et Rabat-Salé-Kénitra (248).
Dans d’autres régions, les chiffres restent élevés : 239 cas pour l’Oriental, 217 pour Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, 186 pour Béni Mellal-Khénifra, 150 pour Drâa-Tafilalet. Les régions du Sud enregistrent également des cas, quoique moindres : 45 à Laâyoune-Sakia El Hamra, 43 à Dakhla-Oued Ed-Dahab et 38 à Guelmim-Oued Noun.
Mais c’est en pourcentage que Béni Mellal-Khénifra présente le taux de décrochage le plus élevé, avec 2,1 %, suivi par l’Oriental (1,8 %) et Casablanca-Settat (1,4 %).
Des mesures en urgence
Face à ces résultats, le ministère tente de corriger le tir. Des mesures de réintégration sont déployées : activités parascolaires renforcées, soutien scolaire ciblé, clubs éducatifs revitalisés. Objectif : enrayer la spirale de l’abandon et redonner goût à l’école.
Ces actions s’inscrivent dans le cadre de la feuille de route 2022-2026, qui ambitionne une baisse du décrochage scolaire et une amélioration des performances dans les fondamentaux : lecture, écriture et mathématiques.
Malgré ces difficultés, l’exécutif maintient sa trajectoire. L’objectif est d’étendre le dispositif à 730 établissements dès la rentrée 2025-2026, pour une généralisation prévue à l’horizon 2028-2029. Le ministère reste confiant, mais l’ampleur des abandons interpelle. Les écoles « pionnières » tiendront-elles leurs promesses ? La question reste ouverte.
