Au Maroc, l’Aïd al-Adha prend une tournure inédite. Conformément à la décision du roi Mohammed VI, qui a renoncé au sacrifice cette année face à la sécheresse et à la chute du cheptel, les autorités ont lancé une vaste campagne de fermeture des marchés de bétail à travers le pays.
À Khénifra, les marchés hebdomadaires de vente de moutons ont été suspendus. Les gouverneurs ont reçu des instructions fermes : aucune activité liée à la vente ou à l’abattage des animaux sacrificiels ne sera tolérée. À Rabat, le ministère de l’Intérieur a ordonné la fermeture des marchés saisonniers, ciblant aussi les vendeurs de fournitures d’abattage, une activité pourtant centrale pour de nombreux petits artisans.
Dans le nord, Al Hoceima et Tanger suivent le pas, tout comme Kelaa des Sraghna et Inezgane, où les abattoirs communaux ferment temporairement. À Casablanca, les autorités ont mené des saisies dans des points de vente illégaux, traquant les revendeurs informels qui cherchaient à contourner l’interdiction pour profiter de la demande.
Cette année, rapporte Yabiladi, les métiers saisonniers habituellement en effervescence avant l’Aïd sont quasi absents. Une image rare pour une fête qui, traditionnellement, génère une intense activité commerciale.
Ce n’est pas une première historique : en 1963, 1981 et 1996, le défunt roi Hassan II avait déjà appelé à suspendre les sacrifices, pour préserver les ressources nationales. Le ministère de l’Agriculture a récemment alerté sur la gravité de la situation : le cheptel national a chuté de 38 % par rapport à 2016. Pour amortir l’impact, le gouvernement mise sur des importations de viande exonérées de droits et de TVA.
Un virage symbolique, mais nécessaire, pour protéger un secteur fragilisé et préserver l’équilibre alimentaire du pays.