La scène est pour le moins cocasse. En visite officielle à Alger, le président libanais Joseph Aoun a tenu à rappeler – face au président Abdelmadjid Tebboune – le rôle historique du Maroc dans la signature de l’Accord de Taëf, document clé qui a mis fin à la guerre civile au Liban. Une manière de remettre les pendules à l’heure sur les véritables artisans de la paix au sein du monde arabe.
À l’heure où certains s’agitent pour exister diplomatiquement, Aoun a opté pour la précision. Il a cité l’Arabie saoudite, le Maroc… et, dans un geste d’élégance diplomatique, l’Algérie. Mais dans les faits, c’est bien Rabat qui a mené les efforts de fond pour ramener les Libanais autour de la table du dialogue. Une implication saluée à maintes reprises, et encore récemment, par l’ambassadeur du Liban au Maroc, Ziad Atallah.
Joseph Aoun a tenu à rappeler que le Royaume n’a jamais failli dans son appui au Liban. Ni dans la sphère politique, où il a soutenu la souveraineté et l’unité du pays face aux ingérences, ni sur le terrain humanitaire. Le souvenir est encore vif à Beyrouth de l’hôpital militaire marocain installé après l’explosion du port en 2020. Un geste concret, efficace, sans tambour ni trompette.
La relation entre les deux pays dépasse les protocoles. Elle s’ancre aussi dans les liens familiaux, comme le rappellent les origines libanaises de Lalla Lamia Solh, épouse du défunt prince Moulay Abdellah. Lalla Lamia, figure respectée tant à Beyrouth qu’à Rabat, incarne cette passerelle vivante entre les peuples. À travers elle, le Liban demeure inscrit dans le cœur de la monarchie marocaine. Et dans les gestes du Royaume à l’égard du Liban, il y a aussi l’écho discret mais puissant de cette alliance familiale, faite d’honneur et de fidélité.
Alors que l’Algérie se rêve en arbitre régional, c’est bien au Maroc que le Liban rend hommage pour son rôle dans une paix durable. Un contraste qui en dit long sur la place réelle des pays arabes dans les grands équilibres du Moyen-Orient. À Alger, ce rappel n’est sûrement pas passé inaperçu.