OLM Souissi a tremblé sous les beats de Taha Fahssi, alias ElGrande Toto. Près de 320 000 festivaliers ont répondu présents pour vivre ce show unique, clôturant en apothéose la 20ᵉ édition du Festival Mawazine – Rythmes du Monde. Une scène, un artiste, un peuple en fusion. Pour la première fois, un rappeur marocain tenait seul cette scène mythique. Le symbole était fort.
Dès l’intro de “Maghribi”, les basses ont pris d’assaut les corps. Les lumières stroboscopiques ont découpé la nuit. Toto, lui, a enchaîné les titres comme un boxeur en pleine série de crochets : “Mghayer”, “Staline”, “Salade Coco”, “Pablo”… Son flow oscille entre rage et tendresse, la darija fusionne avec le français et l’anglais, et la rue casablancaise s’exporte en live à l’échelle mondiale.
Puis vient ce geste. L’artiste appelle son fils sur scène. Court instant d’humanité brute, dans une mer de beats. Une bouffée d’émotion dans la transe collective. Le rappeur, d’ordinaire féroce, s’expose dans sa fragilité. Le public, touché, suit sans décrocher.
Au sommet de son concert, Toto annonce que son tube “Blue Love” a dépassé le milliard d’écoutes. Une première pour un artiste marocain. La foule explose. Larmes aux yeux, micro en main, le rappeur crie : « On l’a fait, le Maroc l’a fait ! ». Dans ce cri, une génération, une fierté, un rêve devenu réel.
Taha Fahssi n’a pas été formaté. Elevé à Benjdia, entre krump, reggae et Metallica, il a forgé son style au bitume. Du nom de 7 Boo à ElGrande Toto, il trace sa route sans détour. “Pablo” le propulse. “Qui sait”, avec Niro, lui vaut un disque de platine. “Love Nwantiti”, version remixée avec Ckay, décroche le diamant. Le gamin de Casa entre dans le panthéon du rap francophone.
À OLM Souissi, chaque geste est calculé, chaque morceau une onde de choc. “Razones”, “Blue Love”, “Halla halla”… Les refrains sont repris, les flashs illuminent la foule. Sur scène, une esthétique brute, sans fioritures. Derrière lui, des visuels puissants et des faisceaux rouges. Devant lui, des milliers de jeunes, pancartes à la main, cœurs ouverts.
Le concert d’ElGrande Toto à Mawazine dépasse le simple spectacle. C’est une déclaration d’intention. Un cri d’affirmation. Le Maroc rappe désormais avec le monde. Et le monde écoute.
En quittant la scène, il lâche un dernier « Vive le Maroc ! » repris en chœur par la foule. Dans ce grondement final, résonne une vérité : Toto n’a pas juste performé. Il a marqué l’histoire.