Ils marchent pour se faire entendre. Depuis le 9 juillet, des habitants de plusieurs douars de la vallée d’Aït Bouguemez, dans le Haut Atlas, ont quitté leurs villages à pied pour rejoindre Azilal. Baptisée « Marche de la dignité », leur mobilisation dénonce l’exclusion sociale et territoriale dont souffre cette région enclavée.
La nuit de mercredi à jeudi, les manifestants ont dû faire halte à Aït M’Hamed. Le lendemain, dès l’aube, ils ont repris la route. Leurs véhicules n’ayant pas pu circuler – ils parlent d’un blocage – ils ont emprunté des sentiers de montagne. Leur objectif initial : atteindre le siège de la wilaya à Béni Mellal, après l’échec de discussions récentes avec le gouverneur d’Azilal. Arrivés aux portes de la ville, leur progression reste incertaine.
Cette marche intervient dans un climat social tendu. Les marcheurs, en majorité jeunes, expriment un profond ras-le-bol. Leur message est clair : assez des promesses sans lendemain, place à l’action. Ce mouvement, qui a trouvé un large écho sur les réseaux sociaux, pointe du doigt des décennies de politiques publiques jugées inéquitables envers les régions de montagne.
Parmi les revendications prioritaires : la réhabilitation des routes régionales 302 et 317, le renforcement des transports, notamment scolaires, pour enrayer l’abandon des études. Les manifestants réclament également un médecin permanent, une ambulance, une meilleure couverture réseau et l’accès à Internet. Autres doléances : des infrastructures sportives et culturelles, un centre de formation aux métiers de la montagne et une école communautaire pour encourager la scolarisation des filles.
Les habitants demandent aussi la construction de barrages collinaires et le raccordement de leurs douars au réseau d’eau potable. Selon eux, ces revendications ne relèvent pas du luxe, mais du strict minimum.
Les organisateurs affirment qu’ils ne rebrousseront pas chemin sans une réponse claire des autorités régionales. Soutenus par des organisations politiques, syndicales et des défenseurs des droits humains, ils veulent mettre en lumière une fracture territoriale persistante. Une marche pour la dignité, mais surtout pour la justice sociale.