À la veille de la rentrée 2025-2026, les parents d’élèves dénoncent une contrainte devenue habituelle : l’obligation d’acheter manuels et fournitures directement auprès des écoles privées. L’argument avancé par ces établissements est celui d’une « uniformité pédagogique » ou d’accords passés avec certains distributeurs. Mais pour les familles, cette justification ne suffit pas. Elles pointent un abus de pouvoir qui réduit leur liberté de choix et alourdit un budget déjà plombé par la hausse générale des prix.
L’Observatoire marocain pour la protection du consommateur rappelle que cette pratique est contraire à la loi 31.08 sur la protection du consommateur et à la loi 104.12 sur la liberté des prix et de la concurrence. Malgré les rappels du ministère de l’Éducation nationale, l’interdiction de vendre des manuels au sein des écoles reste largement ignorée. Faute de contrôles et de sanctions, les établissements poursuivent leurs méthodes, au détriment des parents et des circuits de distribution légaux.
Cette vente captée par les écoles ne touche pas seulement les ménages. Les librairies, dont près de 70 % du chiffre d’affaires dépend des manuels scolaires, voient leurs revenus amputés. Les professionnels dénoncent une concurrence déloyale et alertent sur les conséquences sociales : des milliers d’emplois menacés et un réseau culturel affaibli. Car un livre acheté en librairie contribue à la vitalité d’un espace de savoir et de rencontre, ce que la vente directe par les écoles ne permet pas.
Face à cette situation, les associations de consommateurs appellent à une réponse rapide. Elles réclament des circulaires claires, des contrôles inopinés et des sanctions effectives. Elles suggèrent aussi la mise en place d’un numéro vert pour signaler les abus. Les familles sont invitées à saisir les instances compétentes, notamment le Conseil de la concurrence, pour faire respecter leurs droits.
Au-delà du conflit juridique et économique, c’est la place même de l’école qui est en jeu. Les associations rappellent que l’établissement scolaire n’a pas vocation à devenir un commerce. Dans un contexte de flambée des prix, la rentrée devrait être un moment de préparation sereine, non un fardeau supplémentaire pour les familles et une menace pour les librairies.