Le général Saïd Chengriha, chef d’état-major, a réuni son Conseil de sécurité nationale à la hâte, alors qu’Abdelmadjid Tebboune brillait par son absence. Motif affiché : prévenir les risques liés à l’instabilité au Mali, en Libye et dans le reste du Sahel. Motif sous-jacent, selon plusieurs sources : exploiter les crises de ses voisins pour avancer ses pions.
La zone frontalière sud, notamment Tamanrasset et In Guezzam, inquiète les militaires algériens. La progression des groupes armés au nord du Mali et le chaos libyen offrent à Alger un prétexte rêvé. Officiellement, l’armée redoute un débordement vers son territoire. Officieusement, elle verrait bien certaines zones tomber sous son contrôle « de facto », au nom de la lutte antiterroriste.
Derrière le discours sécuritaire, un plan plus large se dessine. Des redéploiements de brigades, des bases avancées renforcées, l’usage accru de drones… Tout laisse penser à une stratégie d’ancrage territorial. Des diplomates ouest-africains évoquent même la volonté d’Alger de transformer le nord du Mali en zone d’influence sécuritaire, prélude à un contrôle direct.
À Bamako comme à Tripoli, l’Algérie observe, alerte et se prépare. Le vide sécuritaire, nourri par les conflits internes, semble offrir au régime une occasion d’imposer sa présence militaire. Le discours officiel se drape dans la défense des frontières, mais pour nombre d’observateurs, c’est la vieille tentation expansionniste d’Alger qui revient au galop.