Le choc est de taille pour la BMCE Bank et sa filiale digitale Daman Cash. Présentée comme un modèle d’innovation et de sécurité financière, la plateforme se retrouve aujourd’hui au centre d’un scandale retentissant : un gérant d’agence aurait exploité une faille interne pour détourner plus de dix millions de dirhams vers son compte personnel.
Une faille exploitée au cœur du système
L’affaire n’a rien d’une cyberattaque venue de l’extérieur. Elle s’est jouée au sein même de l’écosystème bancaire, à travers un usage frauduleux des accès internes. Le gérant aurait profité d’une vulnérabilité du système pour effectuer plusieurs transferts discrets, sans déclencher la moindre alerte.
Cette opération, passée sous les radars pendant plusieurs semaines, pose une question fondamentale : comment un tel détournement a-t-il pu échapper aux mécanismes de contrôle censés sécuriser chaque transaction ?
Les premières investigations laissent entrevoir un enchaînement de défaillances : procédures non appliquées, absence de vérification croisée et surveillance automatisée insuffisante. Autant de failles qui ont permis à un seul individu de contourner un système pourtant présenté comme infaillible.
Une crise de confiance plus que financière
Au-delà des montants détournés, cette affaire révèle une fragilité plus profonde : celle de la gouvernance interne et de la culture du contrôle dans le secteur bancaire. L’incident met à nu un paradoxe inquiétant — celui d’institutions qui misent sur la digitalisation sans consolider leurs dispositifs de sécurité.
Pour les clients, le choc est psychologique avant d’être financier. Cette fraude interne ébranle la confiance dans un modèle censé protéger leurs avoirs. Elle montre qu’à l’ère numérique, la menace ne vient pas toujours de l’extérieur : elle peut naître au cœur même des institutions, entre les mains de ceux qui en détiennent les clés.
Un test pour la crédibilité du secteur bancaire
Le scandale Daman Cash dépasse le cadre d’un simple détournement. Il soulève la question de la responsabilité et de la transparence dans un secteur où la confiance est le socle même de la relation client. BMCE Bank et sa filiale se trouvent désormais face à un choix : assumer pleinement l’incident, en identifiant les défaillances et en sanctionnant les responsables, ou laisser s’installer le doute.
Car au-delà des dix millions détournés, c’est la réputation du système bancaire marocain qui se joue. Une perte financière se répare. Une perte de confiance, beaucoup plus difficilement.
L’ombre d’un scandale plus vaste ?
Les premiers éléments de l’enquête laissent penser que l’affaire pourrait ne pas s’arrêter là. Plusieurs sources évoquent d’éventuelles complicités et des ramifications internes plus étendues. Si ces soupçons se confirment, c’est tout un modèle de supervision qui devra être repensé.
Cette affaire agit comme un électrochoc pour le secteur bancaire marocain. Elle rappelle qu’à l’ère de la finance numérique, la technologie ne peut remplacer ni la vigilance humaine ni la rigueur institutionnelle. Et qu’une faille, même isolée, peut suffire à fissurer un édifice bâti sur la confiance.


