La conférence de l’IMRI (Institut marocain des relations internationales) organisée, mardi dernier à Casablanca, a été plus que constructive. Placée sous le thème « La nouvelle doctrine de la politique étrangère du Maroc », elle a permis une lecture assez intéressante de certains faits d’actualité effectuée notamment par des experts émérites.  

« La diversification des relations diplomatiques internationales est primordiale. C’est d’ailleurs une dimension intégrée par la diplomatie marocaine depuis plusieurs années et notamment après l’intronisation du souverain », a déclaré Jawad Kerdoudi, mettant justement en exergue les tournées royales à maintes reprises en Afrique. Mais pas seulement. Le roi Mohammed VI a également effectué des visites aux Etats-Unis ainsi qu’en Russie, en Chine, en Inde et au Japon à plusieurs occasions, a souligné le président de l’IMRI qui a ainsi mis l’accent sur l’importance de cette diversification pour le Royaume afin de ne pas rester tributaire de ses relations avec ses partenaires classiques, notamment européens.
A cette occasion, Mustapha Sehimi, le politologue, professeur de droit et membre de l’IMRI n’a pas manqué, de son côté, de retracer le pourquoi du comment des récentes crises politiques entre le Maroc avec deux pays, en l’occurrence l’Allemagne et l’Espagne. Concernant l’Allemagne, l’expert a rappelé que les relations ont commencé à être tendues depuis que Donald Trump a reconnu la marocanité du Sahara, le 10 mars 2020. Et Berlin a exprimé son mécontentement en demandant une réunion du Conseil de sécurité pour examiner cette reconnaissance de la marocanité du Sahara par les USA.
Autre point de discorde et non des moindres, la double pression exercée principalement par l’Algérie et la Turquie sur leur partenaire économique l’Allemagne, pour écarter le Maroc de la première conférence de Berlin sur la Libye. « Il a fallu l’intervention du président américain pour que le Maroc se fasse finalement inviter à la seconde conférence tenue en juin dernier », explique le politologue, avant d’estimer qu’il est fort probable qu’au final, ce soit les USA et par le biais de Joe Biden particulièrement que les relations maroco-allemandes pourront se remettre sur les rails.

Mais avant d’espérer en arriver là, force est de constater que le Maroc a convoqué son ambassadeur en Allemagne et que les aides allemandes allouées au Maroc d’un montant de pas moins de 1,3 milliard d’euros sont gelées actuellement à cause du froid entre les deux pays.
Pour sa part, le chercheur associé à l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) et administrateur à l’IMRI, Hassan Saoudi s’est attardé entre autres sur le fait que : « Le Maroc a aidé l’Algérie pour obtenir son indépendance, chose que ce pays n’a pas pris en compte finalement... ».
A ce sujet, Jawad Kerdoudi a confié à lesinfos.ma que pour le moment il ne voit pas de solution dans les relations entre l’Algérie et le Maroc et qu’il faut malheureusement attendre un changement du régime algérien actuel. Cet expert averti estime également qu’il serait judicieux d’entamer le dialogue avec les associations et les acteurs de la société civile en Algérie pour essayer de préparer l’avenir pour les futures générations, concluant que l’Algérie est un pays voisin, ce qui ne risque pas de changer de sitôt…

Meyssoune Belmaza