Après 550 jours de conflit, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a remis sa démission à Volodymyr Zelensky le dimanche 3 septembre. Cette décision intervient dans le contexte d'un scandale de corruption qui a éclaboussé le ministère de la Défense.

Le président ukrainien a choisi Roustem Umerov, âgé de 41 ans, pour succéder à Oleksiï Reznikov à la tête du ministère de la Défense. Cette nomination devrait être officialisée dans la semaine à venir.

Roustem Umerov est loin d'être un inconnu de la scène politique ukrainienne. Originaire de la communauté des Tatars de Crimée, il a débuté sa carrière dans les télécommunications en 2004. En 2019, il est élu député d'opposition et devient membre du parti Holos, fondé par le chanteur Sviatoslav Vakartchouk. Au Parlement, il était co-président de la Plateforme de Crimée, qui coordonnait les efforts diplomatiques internationaux pour contrer l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

En plus de son mandat de député, Roustem Umerov a été conseiller du chef historique des Tatars de Crimée, Mustafa Dzhemilev, pendant de nombreuses années.

En septembre 2022, Roustem Umerov a été nommé à la tête du Fonds des biens d'État, un poste clé dans un pays où la privatisation est entachée par la corruption.

Le président Zelensky a choisi Umerov pour insuffler une nouvelle dynamique au ministère de la Défense, qui a été cité dans des scandales de corruption. Le ministre sortant est notamment accusé d'avoir acheté des uniformes d'hiver à des prix surévalués.

Roustem Umerov a également joué un rôle majeur dans les négociations discrètes avec la Russie après l'annexion de la Crimée en 2014 et le début de l'invasion russe en Ukraine en février 2022. Il a participé à des pourparlers sur des échanges de prisonniers et des évacuations de civils.

Les Tatars de Crimée, qui constituent une minorité de 12 à 15 % de la population de la Crimée, ont largement boycotté le référendum russe sur l'annexion de la péninsule, considéré comme illégitime par l'Ukraine et ses alliés occidentaux. En réponse, la Russie a déclaré la Mejlis, l'assemblée traditionnelle des Tatars, comme une organisation extrémiste, ce qui a entraîné l'emprisonnement de nombreux de ses membres.