Alibaba accélère sa conquête africaine. Sa filiale logistique, Cainiao Smart Logistics Network Morocco, prend ses quartiers au Maroc. Objectif affiché : faire du Royaume une plaque tournante entre la Chine, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Cette installation, portée par Cainiao B.V., basée aux Pays-Bas, s’inscrit dans une stratégie globale d’expansion.
Avec plus de 1 100 entrepôts, 380 centres de tri et une flotte aérienne dédiée, le dispositif logistique de Cainiao s’annonce massif. La plateforme opérera bien au-delà du transport : elle proposera des services douaniers, numériques, de stockage et de gestion transfrontalière. Le projet s’inscrit dans la continuité d’un partenariat conclu en décembre avec l’ASMEX et l’AMDIE, dans l’objectif de fluidifier les échanges sino-marocains et de générer des retombées locales, notamment en matière d’emploi qualifié et de transfert de compétences.
Une opportunité pour les PME marocaines
Pour les petites et moyennes entreprises marocaines, cette arrivée peut représenter un levier de croissance. En s’appuyant sur les solutions technologiques avancées de Cainiao, les entreprises locales pourraient gagner en compétitivité. Digitalisation de la logistique, réduction des coûts, accès facilité aux marchés asiatiques et européens : le potentiel est réel.
Le Maroc, qui aspire à devenir un hub numérique et logistique régional, voit dans ce partenariat un coup d’accélérateur. La dynamique peut également accompagner l’intégration des PME marocaines dans les chaînes de valeur mondiales. À condition, toutefois, de garantir un accès équitable aux outils proposés.
Un géant qui inquiète les acteurs locau
Mais derrière l’enthousiasme, les craintes persistent. Plusieurs professionnels redoutent un effet d’éviction. Avec son poids technologique et financier, Alibaba risque de creuser l’écart avec les plateformes locales, déjà fragilisées par la concurrence étrangère. La question de l’équilibre du marché se pose.
Les antécédents du groupe en Chine rappellent la nécessité d’un encadrement rigoureux. En 2021, Alibaba avait été condamné à une amende record pour abus de position dominante, après avoir contraint des commerçants à ne vendre que sur sa plateforme. Si de telles pratiques venaient à se reproduire au Maroc, elles pourraient nuire gravement à l’écosystème local du e-commerce.
Défis logistiques et régulation attendue
Au-delà de la concurrence, l’autre défi est infrastructurel. Le Maroc devra muscler ses capacités logistiques, douanières et de transport pour absorber les flux générés par une telle plateforme. Sans renforcement rapide, le risque d’engorgement pourrait freiner les ambitions initiales.
Les autorités devront également veiller à poser un cadre réglementaire clair, garantissant une concurrence saine et des pratiques commerciales équitables. L’objectif est de préserver le tissu économique local tout en tirant profit de l’ouverture offerte par ce partenariat.
