Mohamed Ziane ne rend pas les armes. Moins d’une semaine après sa condamnation en appel à trois ans de prison ferme par la chambre des crimes financiers de la Cour d’appel de Rabat, l’ex-bâtonnier annonce avoir formellement saisi la Cour de cassation. L’annonce a été faite via un communiqué signé par son avocat, Me Ali Reda Ziane, et relayé ce jeudi 16 mai.
Dans ce texte, Ziane conteste à nouveau toutes les accusations. Il se dit victime d’un « préjudice grave » et qualifie son pourvoi de « choix de principe », excluant toute reconnaissance, même tacite, des faits qui lui sont reprochés. « Je préfère mourir debout que vivre à genoux », affirme-t-il dans un ton défiant. Une référence directe à la sentence de novembre prochain qu’il aurait pu anticiper, mais qu’il choisit d’ignorer au nom de ses convictions.
Une peine confirmée, mais réduite
Le 8 mai, la Cour d’appel de Rabat a réduit de cinq à trois ans la peine de prison ferme prononcée initialement contre Ziane. L’ancien ministre, âgé de 82 ans, a été reconnu coupable de détournement et dilapidation de fonds publics, à l’issue d’une audience marathon de plus de douze heures.
Ce jugement, prononcé dans un climat de tension, survient alors que Ziane purge déjà une peine équivalente, prononcée en 2022, dans un autre dossier portant sur onze chefs d’accusation. En refusant la confusion des peines, il prolonge de fait sa détention.
Un combat judiciaire doublé d’un bras de fer politique
Ziane n’a cessé de clamer son innocence depuis l’ouverture des procédures. Pour ses soutiens, dont plusieurs ONG, cette affaire s’inscrit dans un contexte de règlement de comptes politique, alimenté par la critique virulente que l’ancien ministre adresse depuis des années aux autorités.
L’Instance marocaine de soutien aux détenus politiques (HIMAM) a plusieurs fois alerté sur sa santé fragile. Atteint de pathologies chroniques, Ziane avait été victime d’un malaise lors d’une audience en décembre 2024. Son maintien en détention est considéré comme une menace directe à son intégrité physique, notamment au vu de l’insuffisance du suivi médical en prison, dénoncé par son avocat dans une récente déclaration à la presse.
Selon ses défenseurs, l’affaire présente de nombreuses irrégularités. Le montant concerné, estimé à 120.000 dirhams, a été restitué au ministère de l’Intérieur. Ils rappellent aussi que seule la Cour des comptes est constitutionnellement habilitée à statuer sur les infractions financières liées à la gestion des partis politiques. Des arguments qui renforcent, selon eux, la perception d’un acharnement ciblé.