Casablanca enrichit son registre patrimonial. Des immeubles du siècle dernier, érigés en pleine ère industrielle et façonnés par des influences croisées, viennent d’être officiellement classés monuments historiques. L’annonce, portée par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, marque un tournant dans la lecture que la ville offre de son histoire.
Ces constructions, héritières de l’Art déco et du modernisme, sont désormais protégées au même titre que les joyaux anciens. Leur préservation s’impose comme une urgence face à l’urbanisation galopante. Elles deviennent partie intégrante de la mémoire collective, donnant à voir une ville qui ne renie plus son passé récent.
Ce nouveau statut impose des règles. Tout projet de transformation ou de restauration devra être notifié six mois à l’avance au ministère. L’objectif : garantir que la modernisation ne vienne pas effacer l’essence architecturale des lieux.
Ce cadre légal met un coup d’arrêt aux démolitions abusives et envoie un message clair au secteur immobilier : le patrimoine du XXe siècle n’est plus un décor interchangeable, mais un élément structurant de l’identité urbaine.
Au-delà de la conservation, cette revalorisation nourrit une ambition plus large : faire de Casablanca une vitrine du patrimoine moderne marocain. Longtemps perçue comme ville-business, la métropole veut désormais parler aussi d’histoire, d’esthétique et de mémoire.
Cette orientation s’inscrit dans une stratégie de diversification touristique. Casablanca peut désormais séduire un public curieux d’architecture, d’urbanisme et de récits sociaux. Car dans chaque façade préservée, c’est une époque, un style et une société qu’on donne à voir.