Chaque été, les plages marocaines deviennent un refuge face à la canicule. Mais cette année, elles se sont aussi transformées en piège. En trois mois seulement, plus de 9.400 baigneurs ont été recensés en détresse. Trente-et-un sont morts. Dix-sept restent introuvables.
Les chiffres explosent. En 2024, 3.743 cas avaient été comptabilisés à la même période. En 2025, c’est plus du double. La vague de chaleur, l’afflux vers des zones non surveillées, le relâchement des comportements, tout s’est aligné pour créer une équation fatale. Kénitra, Tanger, Asilah, Témara, Berkane sont les plus touchées. Casablanca-Anfa, seule à connaître une baisse… mais l’alerte reste rouge.
Sauveteurs saisonniers, drame permanent
La Protection civile fait ce qu’elle peut. Elle renforce ses moyens. Elle recrute. Mais les maîtres-nageurs restent saisonniers. Présents du 1er mai au 30 septembre, souvent en nombre limité, ils ne suffisent plus face à l’affluence. En moyenne : 34 par arrondissement. Insuffisant pour surveiller des kilomètres de littoral.
Le constat est limpide : on ne s’improvise pas sauveteur. Chaque année, des jeunes tentent de sauver un ami… et se noient à leur tour. La formation reste une barrière vitale. Techniques de nage, récupération de corps, maniement de la bouée, usage d’une barque : le parcours est exigeant. Et encore trop méconnu du grand public.
Éducation au secours : une urgence nationale
Au-delà de la surveillance, c’est la culture du sauvetage qui fait défaut. Trop peu de Marocains maîtrisent les gestes qui sauvent. Trop peu d’élèves y sont formés. Et trop de plages ouvertes à la baignade restent sans poste de secours.
La Protection civile teste de nouvelles technologies. À Agadir, on expérimente la surveillance par drone. Mais l’enjeu est ailleurs. Il faut agir en amont. Dès l’école. Dans les foyers. Par des campagnes ciblées et des formations de masse.
Se noyer dans le silence ?
Derrière chaque chiffre, une famille brisée. L’été 2025 ne doit pas devenir un simple bilan dramatique à archiver. Il doit marquer un tournant. Car les noyades ne sont pas une fatalité. Ce sont les symptômes d’un manque de prévention.
Former, équiper, responsabiliser. Trois mots qui doivent sortir du sable avant la prochaine vague.