Le football est censé rassembler. À Rabat, il devait célébrer l’ouverture du Stade Moulay Abdellah avec une affiche attendue contre le Niger. Mais avant même le coup d’envoi, la fête est confisquée. Non pas par l’adversaire, mais par un ennemi bien connu : le marché noir.
Des billets vendus officiellement 100 dirhams s’arrachent aujourd’hui à 500 sur les réseaux. La billetterie en ligne, lancée sur la plateforme Webook, a été prise d’assaut en quelques minutes. Des milliers de supporters, connectés dès l’aube, ont vu les catégories s’afficher « complet » avant même d’espérer valider un achat. Une attente immense, transformée en frustration.
Et comme toujours, la même mécanique. Certains raflent des lots entiers de billets pour mieux les revendre au prix fort. Résultat : des annonces prolifèrent en ligne, proposant des places trois, cinq ou sept fois plus chères. Ceux qui ont le portefeuille solide iront au stade. Les autres, eux, resteront devant leur écran.
C’est à se demander à qui appartient le football. Aux supporters, qui font vivre ce sport ? Ou à une poignée de spéculateurs qui transforment la passion en business ? Tant que des mesures fermes ne seront pas prises, la réponse restera amère.
Il est temps de serrer la vis. Sanctions, contrôles, sécurisation réelle des plateformes de vente… Ce fléau ne disparaîtra pas par des communiqués polis. Le marché noir ne cesse de grignoter le football marocain, match après match, événement après événement. Et tant que l’on détournera le regard, chaque fête populaire se transformera en commerce privé.
Le Stade Moulay Abdellah méritait mieux pour son inauguration. Le public aussi. Le football, surtout.