La deuxième audience du procès s’est tenue mardi à Rabat dans un climat marqué par un dispositif sécuritaire renforcé. L’accès à la salle a été strictement encadré : fouilles systématiques, sacs interdits et séparation imposée entre hommes et femmes. Les journalistes ont été dirigés vers un espace réservé, illustrant la tension entourant cette affaire.
Figure du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), Lachgar fait face à une accusation lourde qui relance le débat sur les libertés de conscience et d’expression au Maroc.
Devant le tribunal, Ibtissam Lachgar est apparue affaiblie, vêtue d’une jellaba et d’un foulard léger, un bandage couvrant son épaule gauche. Selon sa défense, elle souffre d’une lésion grave nécessitant une intervention chirurgicale urgente, faute de quoi elle risque une amputation partielle du bras.
« Notre cliente est atteinte d’un cancer et son état s’aggrave », a déclaré Me Naïma El Gallaf, membre du collectif de défense. Les avocats ont insisté sur la nécessité d’une mise en liberté provisoire afin de permettre une prise en charge médicale immédiate.
Le ministère public a rejeté la demande, invoquant le respect du cadre légal et les impératifs judiciaires. Après des échanges tendus entre la défense et le parquet, le tribunal a décidé de reporter le jugement sur la liberté provisoire à la prochaine audience, prévue la semaine prochaine.
Un report qui inquiète la défense, qui alerte sur les risques médicaux encourus par l’activiste si l’opération n’est pas réalisée dans les délais.
Au-delà de l’urgence médicale, la défense dénonce les conditions d’incarcération de la militante. Lachgar serait placée à l’isolement et privée de promenade collective. Ses avocats parlent d’un traitement « attentatoire à la dignité » et demandent une meilleure prise en charge sanitaire en détention.
Au-delà du cas personnel de Lachgar, ce procès soulève des interrogations plus larges. La Constitution marocaine garantit la liberté d’expression, mais le Code pénal maintient des dispositions liées à la religion, la morale et l’ordre public.
L’affaire ravive ainsi le débat national sur la criminalisation des opinions et sur la place des libertés individuelles dans un pays en quête d’équilibre entre tradition et ouverture.