La découverte de ce réseau a commencé après une série d’alertes concernant des diamants proposés à des prix anormalement bas sur les marchés de Casablanca, Rabat et Marrakech. Des pierres brillantes et impeccables, commercialisées comme authentiques dans des boutiques réputées et même sur des plateformes de commerce électronique, se sont révélées être de simples diamants synthétiques, dissimulés derrière de faux certificats de qualité.
Selon Hespress, les premières investigations ont mis au jour un système parfaitement organisé. Les cargaisons de pierres synthétiques transitaient depuis la Belgique et certains pays africains vers le Maroc, avant d’être intégrées dans la chaîne de production locale. Les contrebandiers utilisaient de faux certificats émis par un bureau belge de certification, originellement destiné à d’autres secteurs, pour légitimer leurs marchandises. Ces documents permettaient de tromper artisans, distributeurs et clients, donnant aux pierres une apparence d’authenticité irréprochable.
Une fois introduites dans le pays, ces pierres étaient utilisées par des orfèvres locaux pour fabriquer des bagues, bracelets et colliers, vendus dans des points de vente haut de gamme. Certaines pièces atteignaient jusqu’à 55 000 dirhams, alors que la valeur réelle des diamants synthétiques n’atteignait même pas la moitié. Ce système permettait aux trafiquants de tirer des marges considérables grâce à la confiance du marché et à la difficulté technique de distinguer les pierres synthétiques des véritables.
Grâce à une coordination minutieuse avec les équipes régionales et à l’analyse de factures suspectes, les agents de la Brigade nationale des douanes ont pu identifier les circuits de distribution et les intermédiaires impliqués. Une cellule centrale d’analyse a retracé le parcours des diamants, de leur entrée sur le territoire marocain jusqu’à leur mise en vente dans les vitrines les plus prisées. Les enquêteurs ont constaté que certaines unités de fabrication avaient contourné les obligations légales de tenue de registres comptables pour les matières premières, facilitant ainsi la fraude.
Ce scandale met en lumière la vulnérabilité du marché face à des contrefaçons d’une précision extrême. Même certains professionnels du secteur, faute de laboratoires spécialisés au Maroc, ont été trompés. Les trafiquants ont ainsi pu inonder le pays de diamants synthétiques vendus parfois à plus de 25 000 dirhams le carat, exploitant un marché où la valeur réelle de la pierre est dérisoire.


