L’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE) a officiellement engagé les travaux préparatoires d’une réforme en profondeur du système tarifaire de l’électricité au Maroc, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er mars 2027. Derrière cet exercice technique se profile une transformation structurante du secteur électrique, dans un contexte marqué par l’accélération de la transition énergétique et l’ouverture progressive du marché.
Selon l’ANRE, la grille tarifaire actuelle présente des distorsions et un manque de clarté, freinant l’investissement nécessaire à la modernisation des réseaux et au développement des énergies renouvelables. La réforme vise ainsi à instaurer des tarifs transparents, cohérents et prévisibles, capables de refléter les coûts réels du système tout en garantissant la pérennité du service public de l’électricité.
Cette refonte s’inscrit dans une vision de long terme, amorcée dès 2009 avec l’érection de la transition énergétique en priorité nationale. Elle prolonge les réformes déjà engagées, notamment à travers les lois sur les énergies renouvelables, l’autoproduction, la régulation indépendante et la création des sociétés régionales multiservices (SRM).
Le chantier engagé par l’ANRE couvre l’ensemble des maillons de la chaîne électrique. Parmi les volets appelés à être revus figurent le tarif d’utilisation du réseau national de transport, la rémunération des services système, les tarifs de distribution en moyenne tension, la contribution liée aux services de distribution, ainsi que le tarif de rachat des excédents d’énergie issus des installations d’énergies renouvelables et de l’autoproduction.
L’ambition est de mettre en place une grille tarifaire incitative, adaptée aux spécificités du marché marocain et aux nouveaux usages, tout en intégrant des mécanismes valorisant la flexibilité de la consommation et le stockage de l’énergie.
L’ANRE précise que la réforme sera déployée de manière graduelle. Certaines étapes ont déjà été franchies : en 2024, les tarifs d’utilisation du réseau de transport et la rémunération des services système ont été fixés jusqu’à février 2027. En 2025, l’institution a procédé à leur ajustement et arrêté, pour la première fois, les tarifs de distribution en moyenne tension.
La prochaine phase consistera à harmoniser les approches tarifaires, afin de soutenir l’intégration du stockage, d’encourager la flexibilité des usages et de préparer une ouverture progressive et encadrée du marché électrique.
Au-delà de son caractère technique, cette réforme est considérée comme l’un des socles de la régulation électrique des prochaines décennies. Elle ambitionne de stabiliser les équilibres économiques du secteur, d’améliorer la gestion des ressources naturelles, de réduire l’exposition aux chocs climatiques et de renforcer l’attractivité du Maroc pour les investissements publics et privés dans l’énergie.
