Le Maroc obtient un score de 37/100 dans l’Indice de Perception de la Corruption 2024, selon le rapport publié le 11 février par Transparency International. Ce score, en baisse d’un point par rapport à 2023, illustre une tendance inquiétante. Depuis 2018, le pays a perdu 26 places et recule désormais à la 99e position mondiale.
L’évaluation repose sur une échelle de 0 à 100 : plus un pays se rapproche de 0, plus il est perçu comme corrompu. À titre de comparaison, le Maroc affichait 43/100 en 2018, occupant alors la 73e place mondiale. Une dégringolade qui, selon les experts, reflète l’absence d’une mise en œuvre réelle des politiques de lutte contre la corruption.
Sur le plan régional, le Royaume se classe 8e parmi les pays arabes. Les Émirats arabes unis dominent avec un score de 68/100 (23e au niveau mondial), suivis du Qatar et de l’Arabie Saoudite (59/100, 38e mondial). Le Maroc devance néanmoins l’Algérie (107e), l’Égypte et la Mauritanie (130e), ainsi que l’Irak (140e).
Pour Ahmed Bernoussi, secrétaire général par intérim de Transparency Maroc, la situation est alarmante. « Depuis 2018, le Maroc n’arrête pas de reculer. Il a perdu 26 places et six points en six ans. Cela montre l’échec des politiques de lutte contre la corruption », déplore-t-il.
Il pointe du doigt le manque d’application de la stratégie nationale anticorruption et l’absence de réformes législatives efficaces. « Pire encore, le gouvernement a récemment proposé une modification du Code pénal limitant la possibilité pour la société civile et les citoyens de dénoncer la corruption. »
Selon Bernoussi, ce projet de réforme interdit aux citoyens et aux associations de porter plainte contre des affaires de corruption. Il restreint également les pouvoirs du parquet, qui ne pourrait enquêter que sur ordre du président du ministère public, après un signalement d’une instance officielle.
Une disposition jugée anticonstitutionnelle par les défenseurs de la transparence. « Ce projet, s’il est adopté, risque de museler encore plus la lutte contre la corruption et d’affaiblir les rares mécanismes de contrôle existants », conclut Bernoussi.