Le ton monte entre Paris et Alger. La France annonce restreindre les conditions d’entrée sur son sol pour plusieurs « dignitaires algériens », en réponse au refus des autorités algériennes de réadmettre 120 de leurs ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). L’annonce a été faite mercredi par la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, à l’issue du Conseil des ministres.
Selon elle, ces personnes disposaient pourtant de documents en règle pour être reconduites vers l’Algérie. Or, Alger n’a pas donné suite. Une situation jugée inacceptable par l’exécutif français.
Pression accrue côté français
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, entend hausser le ton. Il prépare des mesures ciblées contre plusieurs figures de la diplomatie algérienne. « Les conditions pour se déplacer en France vont être alourdies et plus difficiles pour un certain nombre de dignitaires », a précisé Primas. Elle évoque un « rapport de force » assumé, dans lequel la France souhaite faire pression.
D’après Le Figaro, 53 Algériens expulsés ont été renvoyés en France entre mars et le 22 juillet. Quatre l’ont été ces derniers jours, malgré les procédures engagées.
Retailleau attaque la “nomenklatura” algérienne
Dans une interview accordée au Figaro, Retailleau accuse Alger d’avoir délivré des passeports à des personnes en situation irrégulière, et dénonce une « diplomatie des bons sentiments » qui aurait atteint ses limites. Il vise aussi « les membres de la nomenklatura » qui critiquent la France tout en y séjournant librement.
Le ministre affirme vouloir leur compliquer l’accès au territoire français. Ce durcissement s’inscrit dans une stratégie plus large, où Paris entend lier coopération migratoire et réciprocité diplomatique.
Des tensions sur plusieurs fronts
Ce bras de fer dépasse la seule question migratoire. Paris réclame également la libération de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, détenus en Algérie. Une demande qui ajoute une couche politique à une crise déjà tendue.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron reçoit Retailleau ce jeudi à l’Élysée. Une rencontre sous haute tension, dans un climat où les liens franco-algériens oscillent entre désillusion et défiance.