Dans les grandes villes du Maroc, trouver un moyen de transport relève souvent du défi. Aux heures de pointe, les passagers patientent, négocient ou se heurtent à des refus répétés. Un terrain propice à l’essor des plateformes numériques, qui séduisent par leur transparence et leur accessibilité.
Leur arrivée a bouleversé l’équilibre d’un secteur longtemps dominé par les taxis « grands » et « petits ». Les syndicats dénoncent une concurrence jugée déloyale : les VTC ne paient ni licences coûteuses ni ne respectent les mêmes contraintes réglementaires. Pourtant, ils répondent à une demande croissante, notamment des femmes, des jeunes et des touristes.
À Casablanca, le syndicat national des chauffeurs a saisi le conseil communal pour réclamer l’interdiction de toute publicité en faveur des applications. La présidente du conseil, Nabila Rmili, a répondu que cette question ne relevait pas de ses attributions, en vertu de l’article 110 de la loi organique sur les collectivités territoriales.
Le bras de fer continue. Les taxis réclament une intervention ferme de l’État pour protéger leur profession et mettre fin à ce qu’ils considèrent comme un déséquilibre structurel. Ils plaident pour un cadre clair qui garantisse leurs droits, régule les plateformes et préserve l’image du Maroc à l’approche des grands rendez-vous internationaux.
Les usagers, eux, voient dans les applications une solution attendue à des pratiques figées. Fiabilité des trajets, prix connus à l’avance, sécurité du suivi numérique… autant d’arguments qui renforcent leur popularité. Plusieurs jeunes y ont trouvé une source de revenus dans un marché de l’emploi saturé.
Mais cette activité reste fragile. Les conducteurs de VTC sont souvent exposés à des tensions directes avec les taxis, parfois violentes. Faute de régulation claire, le conflit s’installe. La mobilité urbaine marocaine, elle, attend une réponse : arbitrer entre tradition et innovation pour tracer la route de l’avenir.
